Nommer est un enjeu capital. Quand chacun emploie les mots comme il l’entend … A vous de choisir ! Extraits choisis ... entre deux conceptions de l'empathie entre Matthieu Ricard et Serge Tisseron.
Nommer est un enjeu capital.
Quand chacun emploie les mots comme il l’entend … A vous de choisir !
Extraits choisis ...
Matthieu Ricard - Cultiver l’altruisme et la compassion pour échapper à la “fatigue de l’empathie”
Pour Matthieu Ricard, l'empathie consiste à ressentir ce que d'autres éprouvent et à entrer en résonance avec eux. Lorsque nous rencontrons un être transporté de joie, nous éprouvons nous aussi de la joie. Il en va de même pour la souffrance. Il a examiné avec Tania Singer les phénomènes de « fatigue de l'empathie », largement répandus au sein de la communauté médicale. Les méditants participant à l'étude découvrirent qu'un moyen de résoudre ce dilemme consiste à cultiver un amour et une compassion sans réserve pour la personne souffrante.
Selon le bouddhisme, l'amour altruiste est une attitude qui consiste à souhaiter que les autres soient heureux et à rechercher les causes véritables du bonheur. Et la compassion est définie comme le désir de mettre fin aux souffrances d'autrui et à leurs causes. Discerner les causes des souffrances d’autrui et vouloir y remédier relève de la connaissance et de la compassion "cognitive". Ces deux aspects de l’altruisme, affectif et cognitif, sont complémentaires. L’altruisme doit donc être éclairé par le discernement.
Serge Tisseron - L'empathie mature pour cultiver la curiosité et la compréhension de l’autre
L’empathie a deux composantes, affective et cognitive. L’empathie affective est un système intuitif au fonctionnement rapide et automatique qui permet de se concentrer sur l’émotion d’autrui au point de l’éprouver soi-même sans se confondre avec lui. L'empathie cognitive est un système lent, délibératif et conscient dans lequel il ne s’agit plus de ressentir les émotions d’autrui mais de comprendre son point de vue en prenant en compte ses différences. Ce qui est essentiel, c’est la capacité à articuler l’une à l’autre et de tempérer les dangers de l’une par les vertus de l’autre. Cette “empathie mature” rend possible le fait de se mettre émotionnellement à la place de l’autre préfigurant la capacité altruiste.
Le modèle ternaire habituel, avec ses trois niveaux d'empathie affective, d'empathie cognitive et d’empathie mature, est remplacé pour Matthieu Ricard et Tania Singer, par un modèle à deux dimensions qui oppose la “mauvaise empathie” qui conduit au burn-out émotionnel à la “bonne compassion” qui associe prise de distance et désir de venir en aide. Pour Serge Tisseron, la conséquence est lourde, car cela empêche de comprendre que l’autre a des façons de penser, de ressentir et de vivre différentes des miennes, et qu’il peut non seulement éprouver d’autres émotions que moi dans les mêmes situations, mais aussi les mêmes que moi en relation avec d’autres états mentaux. Finalement d’être curieux vis-à-vis de l’autre.
L'empathie et la pratique intensive de la compassion
Empathie, altruisme et compassion
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